L’insuffisance de convergence est la plus fréquente des « hétérophories » (strabisme latent), les ophtalmologistes et orthoptistes sont quotidiennement confrontés à cette pathologie qui toucherait environ 20% de la population. Alors qu’est-ce que c’est exactement ? Comment se manifeste-t-elle sur le plan clinique et comment est-elle prise en charge ? Toutes les réponses dans le présent article.
Qu’est-ce que la convergence des yeux ?
Chaque globe oculaire humain possède plusieurs muscles qui lui permettent de se mouvoir pour regarder dans toutes les directions, 6 muscles pour chaque œil. La convergence oculaire c’est tout simplement lorsque les 2 globes oculaires regardent vers le nez (loucher légèrement… en quelque sorte !).
La convergence oculaire s’effectue automatiquement lorsqu’on porte le regard sur un objet proche (pour lire par exemple), cela permet, en plus du réflexe d’accommodation (modification du degré de convergence du cristallin selon que l’on regarde de près ou de loin), de former une image nette et unique sur la rétine. C’est ce qu’on appelle le réflexe accommodation-convergence, phénomène indispensable à la vision binoculaire, c’est-à-dire à la vision par les deux yeux simultanément.
Qu’est-ce que l’insuffisance de convergence ?
Maintenant qu’on a vu ce qu’est la convergence des yeux, il est facile de deviner ce qu’est l’insuffisance de convergence. C’est tout bêtement un trouble oculomoteur durant lequel la convergence oculaire nécessaire pour une vision binoculaire de près nette, claire, unique et confortable est diminuée. Durant cette pathologie, les yeux auront tendance à dévier en dehors, c’est ce qu’on appelle « exophorie ».
Quels sont les symptômes de l’insuffisance de convergence ?
Les symptômes les plus fréquemment rapportés par les patients souffrant d’insuffisance de convergence sont les suivants :
- Des maux de tête : touchent généralement une seule moitié du crâne, peuvent concerner la région temporale, occipitale, frontale, rétro-orbitaire (derrière l’œil) ou orbitaire.
- Des douleurs aux yeux : obligés de fournir constamment des efforts pour pouvoir compenser le manque de convergence, les yeux sont souvent le siège de douleurs de type brûlures, picotements, sécheresse…
- Une fatigue oculaire : elle se manifeste par des difficultés à lire ou à se concentrer longtemps sur un objet. C’est généralement pour cela qu’on évoque chez l’enfant un TDAH (trouble du déficit de l’attention) alors qu’il ne s’agit en réalité que d’une insuffisance de convergence.
- Une photophobie : c’est-à-dire que le malade ne supporte pas la lumière.
- Prurit oculaire : le patient ressent souvent des démangeaisons oculaires, ce qui le pousse à se frotter les yeux fréquemment.
- Une diplopie : c’est-à-dire une vision double.
- Une vision floue : car les images ne se forment pas directement sur la rétine en vision de près à cause d’une convergence insuffisante.
- Des vertiges ou des sensations d’instabilité.
Ces symptômes sont généralement d’installation progressive et passent souvent inaperçus. Le tout évolue dans un contexte d’asthénie ou fatigue générale.
Quels sont les traitements de l’insuffisance de convergence ?
Il n’y a pas encore un consensus en ce qui concerne le traitement le plus adapté à l’insuffisance de convergence. Il existe différentes méthodes thérapeutiques que seul le médecin spécialiste est habilité à prescrire après avoir évalué méticuleusement un ensemble des paramètres (les particularités du patient, le degré de sévérité de la maladie…).
Voici donc les différents traitements qui peuvent être prescrits pour une insuffisance de convergence :
- Des séances de rééducation chez l’orthoptiste : l’orthoptiste est un professionnel de la santé oculaire, c’est en quelque sorte le « kinésithérapeute des yeux ». Pour traiter une insuffisance de convergence, l’orthoptiste fait faire au patient une série d’exercices visant à stimuler ses muscles oculaires, spécialement ceux qui sont défaillants, afin de leur réapprendre à « travailler en équipe » pour avoir une vision de près claire et confortable. C’est ce qu’on appelle le réapprentissage vision–moteur. Après quelques séances chez l’orthoptiste, le patient prend le relai et réalise les exercices tout seul chez lui ou dans son lieu de travail…
- Des exercices orthoptiques à domicile : c’est le traitement le plus fréquemment prescrit. Il consiste à faire à peu près les mêmes exercices que ceux réalisés chez l’orthoptiste. Par exemple celui qui consiste à fixer un crayon placé devant soi et le rapprocher lentement de son nez tout en continuant à les fixer. Ceci va petit à petit réapprendre aux yeux à converger correctement. Avec le temps, le trouble de convergence rentre dans l’ordre et les symptômes disparaissent.
- Des lunettes : elles sont parfois nécessaires pour compenser légèrement le trouble de convergence afin d’apporter un certain confort au patient.
- La chirurgie : dans de très rares cas, lorsque le trouble de convergence est très sévère ou en cas d’échec de tous les autres traitements non-invasifs, la chirurgie peut être indiquée. La technique utilisée dépend de la nature de l’atteinte.
Une autre maladie des yeux à connaitre : la mydriase et qui a pour effet une dilatation des pupilles.